Quand la peinture inspire le cinéma.
L’art pictural du latin pictura “peinture”, est l’art qui se rapporte ou est relatif à la peinture (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). La composition picturale est l’organisation des formes à l’intérieur des limites d’une image, dans les arts graphiques, de la peinture au dessin, la gravure, la photographie, le cinéma, l’image numérique (Wikipédia).
“Jean-Michel Basquiat is the art world’s closet equivalent to James Dean” The New York Times. On ne pouvait pas trouver meilleure citation pour faire le parallèle entre peinture et cinéma ! Deux artistes, deux milieux mais tant en commun. Art, cinéma et peinture : des domaines de la création a priori hermétiques dont les passerelles sont pourtant bien concrètes. Depuis la naissance du cinéma en 1895, l’art sous ses formes les plus diverses (peinture, sculpture, photographie, etc.) et le cinéma se nourrissent et s’influencent jusqu’à parfois embrasser les mêmes desseins. Au point que certains critiques en viennent à affirmer que toute l’histoire de l’art est à refaire via le prisme de la pellicule! Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la question des similitudes de structure entre la peinture et le cinéma. Le rôle et la signification de la composition picturale dans les deux formats
La composition picturale, c’est quoi ?
Heinrich Wölfflin distingue en 1915 cinq oppositions dans les principes de composition picturale :
- définition des formes linéaires, par le contour ou picturale, par la surface
- organisation en plans distincts ou en profondeur
- fermeture ou ouverture des formes
- unités ou pluralité des sujets
- clarté absolue ou clarté relative
Les différents éléments de la composition picturale :
- la forme (carré, rectangle, cercle) du cadre et ces proportions
- les plans (premier plan, plan moyen et arrière-plan, ou premier plan, second plan …)
- les lignes directrices sur lesquelles se répartissent les perso ou objets sont chargées de diriger le regard de l’observateur : lignes réelles ou virtuelles, droites ou courbes..
- la direction de ces lignes directrices : itinéraires visuels qui prennent des chemins verticaux (ascendant descendant) horizontal, diagonal
- l’ordre (composition symétrique ou asymétrique, pyramidale ou en triangle, linéaire, diagonale) en fonction des lignes directrices des principaux objets ou perso de l’image
- la forme : espace géométrique ou organique
- la couleur et le ton : valeurs, intensités, lumières et ombres
- la perspective
- l’espace négatif : surface autour ou entre le -les sujets d’une image. il peut être évident lorsque cette surface , autour d’un sujet, prend une forme intéressante ou artistiquement parlant pertinente. il peut par moment représenter le véritable enjeux de l’œuvre !
- Le hors champ : ce qui est hors de l’image, ce que l’on image hors des limites du cadre. Même s’il n’est pas visible, il contribue à la perception que l’on a d’une image et au schéma narratif de la scène.
“Dans les arts, rien de ce qui est bien fait ne l’est par hasard. Je ne connais aucune oeuvre qui ait réussi autrement que par la prévoyance et la science de l’artiste : ils usent partout de règles, de lignes et de nombres.” Plutarque – Philosophe grec historien des arts du 1er siècle. Dans les règles de perspective, il me semble que l’effet recherché est plus apporté sur le sentiment de mouvement, d’élan, de narration de la scène. Elles permettent de mettre en place un contexte, une histoire, un détail qui assure au spectateur de comprendre le déroulé qui découle de la scène présentée.
La règle la plus connue de la composition picturale est basée sur le nombre d’or. Le rectangle d’or correspond au rapport entre sa longueur et sa largeur qui doit être égal au nombre d’or soit 1,618. Celui-ci détermine les proportions idéales de toute création et rend les images ou objets plus harmonieux.
Au cinéma, une des règles les plus importantes est celle des tiers. On trace des lignes qui partagent en tiers horizontalement et verticalement l’image. Le sens de lecture de l’image au cinéma pour les occidentaux, fait comme un Z sans que l’on s’en aperçoive. Mais il peut en être autrement et c’est là que le peintre ou le cinéaste intervient afin d’attirer l’œil autre part que l’endroit où il est d’habitude amené. Les points de force aux intersections des lignes mettent en perspective visuellement l’importance narrative des objets ou personnages qui s’y trouvent. Le cadre de la caméra et donc la composition est étudiée en fonction du champ et du hors champs. En plus de l’aspect esthétique, le rôle de la perspective est également de dynamiser la scène et d’offrir au spectateur plusieurs lectures.
Réalisateur et peintre, des métiers pas si éloignés :
La maison du docteur Edwardes est un parfait exemple de l’association entre peinture et cinéma. Alfred Hitchcock pour la réalisation de son film de 1945 a fait appel à l’artiste surréaliste Salvador Dali. Pourquoi ? On vous remet l’histoire en tête. Le film relate l’histoire de Constance, médecin dans un asile psychiatrique qui tombe amoureuse du nouveau directeur, le docteur Edwardes. Le climax de l’histoire est que ce docteur n’est pas le vrai Dr Edwardes mais un malade de l’établissement atteint d’amnésie qui après avoir pris conscience de sa condition pense avoir éliminé le vrai docteur Edwardes. A la suite de cette découverte le couple s’enfuit et se réfugie chez le mentor de Constance qui tentera de les aider à analyser les troubles dont est victime le faux dr Edwardes. Et c’est là que Salvador Dali prête son génie au réalisateur ! Hitchcock a demandé au peintre de l’aider à mettre en scène le rêve de son personnage principal. Parfait exemple de mise en scène et de partenariat du cinéma au service de l’artiste pictural.
Quelques exemples de mise en scène de peinture où le cinéma rend hommage à la peinture:
Le thriller néo-noir de Martin Scorsese , Shutter Island, met en scène le célèbre “Baiser” De Gustav Klimt avec le couple joué par Léonardo Dicaprio et Michelle Williams.
On y retrouve très clairement la même disposition du couple et la même colorimétrie avec des tons donc qui tombent pour signaler l’incendie.
“Django Unchained” de Quentin Tarantino reprend différemment une autre peinture. Elle n’est pas ici mise en scène mais présente à travers le costume de Django interprété par Jamie Foxx qui reprend les traits de “The Blue Boy” de Thomas Gainsborough.
Vous trouverez aussi un autre costume inspiré d’un tableau dans le génial “Cinquième élément” de Luc Besson. Le costume de Leeloo est directement inspiré de “La colonne brisée” de Frida Kahlo.
La peinture n’est pas la seule à inspirer des scènes de cinéma ! Vous trouverez certainement la ressemblance entre cette photographie de Diane Arbus, “The Identical Twins” et la scène des jumelles dans le chef d’œuvre de Stanley Kubrick, Shining.
Vous pouvez retrouver plusieurs différentes adaptations dans l’émission Versus de Seriously ou encore dans la géniale série Euphoria dans le dernier épisode !
Aujourd’hui les peintures sont elles-mêmes mises en scène pour nous permettre de mieux les visiter et les vivre avec des initiatives artistiques telles que L’Atelier des Lumières ou encore l’expérience VR de Cinétévé avec “Le Cri” de Munch.
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Cet article a été rédigé par Aubry Bernard le 06/05/2022